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Société

Agression du RER D : des élus et des policiers incitent à la prudence
LEMONDE.FR | 12.07.04 | 21h27    MIS A JOUR LE 12.07.04 | 21h54
Après la vague d'indignation provoquée par une agression à caractère antisémite vendredi 9 juillet, élus et policiers veulent rester mesurés. Malgré les nombreux appels, aucun témoin n'a pu être contacté et les enquêteurs ont relevé des contradictions dans la déposition de la jeune femme.

Après l'appel lancé par le parquet, la police a tenté sans succès, lundi 12 juillet, de retrouver des témoins de l'agression d'une jeune femme vendredi sur la ligne D du RER parisien. Une première exploitation des bandes des caméras de télésurveillance des gares concernées n'a jusqu'ici rien donné et des doutes ont surgi sur les déclarations de la victime.

Xavier Salvat, procureur de la République à Cergy-Pontoise, a cependant invité à la prudence. Il a précisé que, pour l'instant, "sur ce qui a été observé, il n'y a rien de probant. Mais l'exploitation des bandes n'est pas définitivement close"

Le procureur a par ailleurs confirmé qu'aucun témoin ne s'était manifesté jusqu'à présent en dépit des nombreux appels lancés par les autorités."Ce qui est délicat, c'est que nous n'avons pas de témoin direct des faits. Mais tout est fait pour essayer de corroborer les déclarations de la victime. On vérifie tous les éléments donnés. Pour l'instant, il n'y a rien de concluant".

CONTRÔLES À L'INTÉRIEUR DES TRAINS

Une soixantaine de policiers ont effectué lundi des contrôles et interrogé des passagers à l'intérieur des trains dans le créneau horaire de l'agression, entre Orry-la-Ville et Garges-Sarcelles, en direction de Paris. Une opération de moindre ampleur avait été menée sur la même ligne dimanche, sans résultat apparent.

Le parquet de Cergy-Pontoise a lancé dimanche soir un appel à témoin, demandant à toute personne susceptible d'avoir assisté à la scène ou ayant des renseignements de se manifester auprès de la police judiciaire. A Paris, la secrétaire d'Etat au droit des victimes, Nicole Guedj, qui a reçu lundi matin la jeune femme agressée, a renouvelé l'appel à témoins des autorités judiciaires.

La victime déclare avoir été agressée par six jeunes hommes, des Maghrébins et des Africains, et affirme avoir vainement appelé au secours. Selon elle, une vingtaine de personnes "capables de voir" ce qui se passait étaient présentes dans la rame, notamment un jeune homme qui se serait trouvé assis à proximité de la victime.

Les agresseurs auraient pris la fuite à la gare de Sarcelles quinze minutes après le début de l'agression en renversant la poussette de la jeune mère, provoquant la chute de l'enfant.

APPELS À LA PRUDENCE

Le syndicat Synergie-Officiers a quant à lui appelé à la plus grande prudence, en soulignant que le témoignage de la jeune femme présentait des "contradictions". Selon le secrétaire général Bruno Beschizza, "depuis hier soir sont apparues des contradictions. Il n'y a pas assez d'éléments probants".

Frank Carabin, lui aussi responsable syndical, fait état die "l'absence de témoins", et du fait que le personnel de
guichets de la SNCF, à qui la victime affirme avoir dénoncé l'agression, ne se souvienne pas de l'affaire. Les policiers soulignent toutefois qu'"il faut faire très attention. L'enquête continue, avec des incertitudes".

Des responsables politiques ont également exprimé leurs interrogations sur cette affaire. Après avoir dénoncé l'agression au conseil régional d'Ile-de-France, le président Jean Paul Huchon a évoqué ses craintes avec Nicole Guedj dans un aparté diffusé sur France2 lundi soir. "J'espère qu'il n'y a pas de loup sur cette affaire" a glissé M. Huchon à la sercétaire d'Etat.

Pour sa part, Dominique Strauss-Kahn a affirmé que "si c'est un coup monté, évidemment, ce serait critiquable en tant
que coup monté"
mais que si cette affaire "se révélait après coup ne pas s'être passée comme on nous le raconte, ce qui est sûr, c'est qu'il y en a eu vingt avant".

Avec AFP et Reuters